Les registres (ou tonalités)
Les registres
(ou tonalités)
Le registre d'un texte est constitué par l'ensemble des éléments expressifs qui, visant une émotion particulière chez le destinataire, concourent à donner au texte sa tonalité propre.
Il est difficile de répertorier des tonalités pour des textes littéraires qui sont par définition originaux, c'est-à-dire dont le ton est unique. Définitions et caractéristiques sont en effet à manier prudemment : il n'y a pas de lien automatique entre tel procédé et tel ton, et un même texte peut présenter plusieurs tonalités (= registres) différentes.
On peut cependant dégager quelques grands traits qui aideront à orienter l'analyse méthodique. Les tonalités les plus courantes sont les tonalités comique, tragique, lyrique, épique, fantastique, polémique, pathétique, ironique.
Tonalité (ou registre) comique : le texte vise à faire rire le lecteur. Dans le registre comique, on distingue, entre autres, le registre satirique qui dénonce, par la moquerie, les défauts d'un individu ou d'une société. Procédés expressifs : on distingue souvent le comique de gestes (mimiques, jeux de scènes), de mots (calembours, quiproquos, répétitions), desituation (personnages cachés, masqués, mises en scène destinées à duper), de caractère, (héros entêtés ou faibles, valets plus fins que leur maître…), ce qui vaut surtout pour le texte théâtral. Le rire naît aussi de la disproportion, du décalage, de l'exagération, de la répétition, du mélange des niveaux de langue, des allusions, etc.
Tonalité (ou registre) tragique : le registre tragique exprime l'état de conscience de l'homme déchiré ou écrasé par des forces qui le dépassent : poids social, hérédité, inconscient, fatalité, châtiment, faute… Procédés expressifs : interrogations, antithèses, interjections. Lexique dominant : vocabulaire de la fatalité, de l'enfermement, de la mort, de la disproportion, de l'impuissance, du néant.
Tonalité (ou registre) lyrique : le narrateur ou le poète communique au lecteur ses sentiments personnels, ses états d'âme. Procédés expressifs : marques de la première personne, phrases interrogatives, exclamatives, interrogations oratoires, interjections, apostrophes, anaphores, rythmes binaires, ternaires. Lexique dominant : vocabulaire des sentiments, des émotions, de l'affectivité, du souvenir, du bonheur ou du malheur, de l'exaltation ou de la méditation, du sentiment religieux.
Tonalité (ou registre) épique : le ton rappelle celui des grandes épopées, les récits d'exploits guerriers dans lesquels le réel se confond avec la légende, rapportant les exploits de héros surhumains (Ulysse, Roland) confrontés à des obstacles ou à des êtres surnaturels, dans un univers immense. Procédés expressifs : verbes d'action, répétitions et effets d'insistance, procédés d'agrandissement (pluriels, énumérations et accumulations, comparaisons et hyperboles), personnification d'objets ou d'abstractions. Lexique dominant : vocabulaire du surnaturel, du symbole, du combat, superlatifs, opposition du bien et du mal.
Tonalité (ou registre) fantastique : la tonalité fantastique se rencontre dans les récits centrés sur l'intrusion d'éléments inexplicables et inquiétants dans la vie réelle. Procédés expressifs : Interrogations, exclamations, syntaxe perturbée, phrases inachevées, gradations, effets d'attente, de tension. Lexique dominant : vocabulaire des perceptions, de la conscience et de l'inconscience, de l'incertitude, de la nuit, de la peur, emploi fréquent de la première personne.
Tonalité (ou registre) polémique (du grec polemos « guerre ») : le registre polémique est utilisé lorsque l'on cherche à convaincre en attaquant des idées adverses, en provoquant et, au besoin, en ridiculisant l'adversaire. Procédés expressifs : apostrophes, fausses interrogations, lexique dévalorisant, connotations péjoratives, reprises parodiques des mots de l'adversaire, ironie, exagérations.
À l'inverse, si l'on cherche à faire l'éloge de quelque chose ou de quelqu'un, on utilisera le registre laudatif.
Tonalité (ou registre) pathétique (du grec pathos « souffrance ») : le texte dépeint un spectacle ou une scène qui inspire au lecteur des sentiments de pitié, de compassion. Procédés expressifs : détails réalistes, adoption du point de vue des victimes, commentaires du narrateur redoublant l'émotion. Lexique dominant : vocabulaire des émotions, des sensations, de l'affectivité, de la souffrance, adjectifs appréciatifs.
Tonalité (ou registre) ironique : le texte ironique invite le lecteur à se moquer d'une cible désignée (personne ou personnage). Procédés : l'ironie repose sur différents procédés de décalage (sujet sérieux / registre léger ; accord feint avec la thèse rejetée ; démonstration logique à partir de propositions absurdes, etc.).
Source : cours de Français de seconde.